Polémique sur les grandes écoles : l'analyse du Sgen-CFDT

Publié le par L'équipe SGEN du clic 87

Depuis quelques jours, une polémique fait rage sur l'accès des boursiers aux grandes écoles. Ce débat, comme souvent, n'est pas sans arrière pensée ni sans mauvaise foi.
La proposition du ministère d'amener 30% de boursiers dans les grandes écoles fixe un objectif apparent de démocratisation ; cependant cet objectif n'est qu'un trompe-l'œil car le relèvement récent du salaire familial plafond, ouvrant droit à la possibilité d'obtenir une bourse d'enseignement supérieur, a abouti à l'octroi de celles-ci à de nombreux étudiants issus des classes moyennes, même si pour beaucoup il s'agit de bourses à taux 0 n'ouvrant droit qu'aux exonérations de frais d'inscriptions (le taux de boursiers est ainsi de 30% dans les classes préparatoires aux grandes écoles à la rentrée 2009).
Pierre Tapie, président de la conférence des grandes écoles, en réponse à la ministre, parle de l'institution d'un quota de boursiers, alors que le gouvernement n'en a jamais parlé et prétend que ce quota diminuerait le niveau. Il se place délibérément sur le terrain idéologique de la défense des concours d'entrée (le sacro-saint concours à la française).
Il a immédiatement été suivi sur ce terrain par les habituels défenseurs des concours comme la société des agrégés.
Mais, ni les ardents défenseurs de l'égalité formelle, ni les défenseurs des quotas de boursiers ne se posent la question de ce que mesurer éellement le concours d'entrée aux grandes écoles, le mérite étant  assimilé par les défenseurs du système à la capacité de réussir le concours.
Or, chacun sait, ou devrait savoir, que dans leurs formes actuelles, les concours d'entrée aux grandes écoles sont un formidable outil de reproduction sociale. Les qualités nécessaires pour les réussir sont plus la rapidité que la réflexion, l'endurance que la profondeur intellectuelle, l'habitude d'apprendre et de restituer les connaissances
plutôt que l'imagination.... Sans parler de l'aisance dans le discours oral et de la bonne présentation.
Le problème n'est pas ici de critiquer l'enseignement dans les grandes écoles, il est souvent de qualité et parfois excellent, bien que beaucoup plus coûteux, mais de dénoncer un système de sélection qui vise à reproduire les divisions sociales. Il y a, par ailleurs, un vrai problème de démocratie dans l'enseignement supérieur, les filières les
plus élitistes sont les mieux dotées alors qu'elles ne reçoivent quasiment que les étudiants issus des classes les plus favorisées.
Dans ce débat, personne ne parle non plus du mode de formation des élites. De nombreux pays étrangers utilisent plutôt le doctorat comme diplôme de prestige et non pas le diplôme d'ingénieur comme dans notre pays. Le doctorat nécessite une réflexion un peu longue sur un sujet précis, il demande des qualités assez différentes de celles des lauréats de nos concours comme l'imagination, la profondeur de vue, le travail intellectuel de fond et parfois un peu d'opiniâtreté, la capacité à travailler en équipe... Les pays qui utilisent ce système, comme les pays anglo-saxons ou l'Allemagne ne se portent pas forcément plus mal que la France.
Enfin, au sujet des concours et de l'organisation de notre société, peut-on raisonnablement fonder un tri social quasi définitif ouvrant les meilleurs postes de la société sur quelques semaines d'épreuves passées à vingt ans ?
Une société véritablement démocratique doit être ouverte à la pluralité des formations et des parcours et à la diversité des origines sociales.
Ouvrir et généraliser des cursus de seconde chance faisant appel à des capacités différentes que celles utiles pour réussir un concours est pour le Sgen-CFDT un enjeu autrement important que celui de 30% de boursiers dans les grandes écoles.

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